Doucement mais surement des nuages gris vinrent envahir le ciel. Le temps était maussade depuis plusieurs jours déjà mais je doutais qu’on échappe à la pluie cet après-midi-là. Ayant vécu à Londres, je ne souffrais pas du mauvais temps mais je devrais cependant dire adieu à mon projet, qui était de faire un footing. La matinée fut longue à l’université. Heureusement je terminais mes cours à midi ce qui m’avait permis de prévoir une soirée avec mon amie de toujours, Sawyer. Il n’était pas rare que nous nous retrouvions tous les deux chez l’un ou chez l’autre. Nous étions quasi-inséparables et très complices. Jamais nous ne nous sommes ennuyés ensemble, quelle que soit la soirée, où l’activité prévue ce jour-là.

A midi, comme à mon habitude, je pris la direction de mon appartement d’un pas enjoué, non sans avoir d’abord traîné avec quelques amis. Nana ne cessait de me dire que pour un mec, j’étais particulièrement bavard. Sans doute avait-elle raison, j’avais même souvent tendance à accaparer la conversation sans m’en rendre compte, ce qui me valait le droit de me faire remonter les bretelles. Mais, elle pouvait parler, elle était pareille songeais-je tout en m’arrêtant à la boulangerie chercher une baguette. Le pain de seigle ici était délicieux mais on ne pouvait en dire autant de leurs gâteaux qui étaient infects. En plus la plupart d’entre eux étaient décongelés j’en étais certain. Sans vouloir me vanter, les miens étaient bien meilleurs. Ce qui me donna l’idée de préparer un petit quelque chose pour ce soir. Je fis un petit détour par le supermarché pour acheter quelques bricoles et à quatorze heures tapantes j’étais chez moi. Après avoir mangé léger, je m’attaquai à la préparation de mon dessert, un crumble, suivi de quelques muffins accompagnés de crème anglaise. Dur de se retenir de tout engloutir. Je mis tout au frigo avant de ne céder à la tentation.
Pensant que je méritais un peu de repos, je m’affalais dans mon canapé, devant la télévision quand mon portable sonna. Décidemment, il était impossible d’avoir la paix aujourd’hui. Je souriais cependant lorsque mon écran m’afficha « Cassie ». Cela faisait une éternité que je n’avais pas eu de nouvelles de ma sœur. Je décrochais et d’entendre sa voix pleine d’énergie me rendit fou de joie. La nouvelle qu’elle m’annonça me fit même bondir sur mes deux pieds. Ma cadette avait décidé de venir me rejoindre à Athens ! Je lui répondis avec enchantement et nous discutâmes encore quelques minutes avant de raccrocher. Dans une semaine elle serait là. La nouvelle aurait de quoi me ravir jusqu’à son arrivée.

Je n’avais plus qu’une hâte à présent, que Nana débarque enfin pour que je puisse tout lui raconter. Je savais qu’elle partagerait mon bonheur et sentais que cette soirée se finirait en grosse bringue. Mais je me trompais. Tout d’abord, comme je m’y attendais, mon amie arriva en retard. Ce que je n’avais pas prédit en revanche, c’est la scène que j’allais devoir subir. A peine avais-je ouvert la porte que Sawyer me gratifia d’un regard noir. C’est à peine si j’osais lui dire un bref « - Bonsoir ». Je n’eus pas besoin de poser une seule question qu’elle explosa. Il faut dire que Sawyer n’avait jamais été quelqu’un de très patient.